Considérant que la Déclaration universelle des droits de l’homme consacre, depuis 1948, le droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui « implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit1»;
Considérant que la liberté d’expression et la liberté de la presse sont des fondements essentiels d’une société démocratique, comme le reconnaît la Cour européenne des droits de l’homme, qui énonce que sans « le pluralisme, la tolérance et l’esprit d’ouverture […] il n’y a pas de “société démocratique”2»;
Considérant que ces libertés sont menacées par la présente montée de la violence physique et du harcèlement en ligne contre les journalistes, les équipes techniques et les professionnels des médias, ciblant les femmes et les membres de groupes sous-représentés de manière disproportionnée3 — une tendance favorisée par ce que l’UNESCO décrit comme « un climat de rhétorique anti-presse endémique, notamment de la part des dirigeants politiques4»;
Considérant que cette tendance s’accélère dans la foulée de la pandémie de COVID-195, suscitant une hausse de l’autocensure chez les journalistes et le départ d’un plus grand nombre de professionnels des secteurs de l’information et des médias, ce qui entraîne un affaiblissement du pluralisme et de la démocratie;
En conséquence,
Toutes les organisations médiatiques soussignées énoncent les principes suivants, qu’elles ont le devoir de respecter et de promouvoir, autant sur une base individuelle qu’au moyen d’actions concertées.
PRINCIPES
1.
Améliorer la sécurité des journalistes, des équipes techniques et des professionnels des médias
Tous les journalistes, les membres des équipes techniques et les professionnels des médias doivent être en mesure de réaliser leur travail en toute sécurité. À cette fin, les signataires s’engagent à fournir les ressources et le soutien dont leurs employés ont besoin pour se prémunir contre la violence physique et le harcèlement en ligne, tout en sensibilisant le public à l’impact de ces attaques sur la démocratie.
2.
Défendre l’indépendance des médias de service public
Les signataires s’engagent à dénoncer publiquement toute tentative visant à saper l’indépendance des médias de service public, que ce soit sous la forme de pressions politiques, de menaces ou de représailles financières, de harcèlement ou d’attaques envers les employés, ou de rhétorique antimédia. Ils s’engagent aussi à faciliter la compréhension de la distinction entre diffuseurs publics et diffuseurs d’État.
3.
Entretenir un débat démocratique éclairé et courtois
En réponse à la crise de désinformation à l’échelle mondiale, les signataires s’engagent à fournir des nouvelles et de l’information fiables, à soutenir les initiatives de vérifications des faits, à faire progresser l’éducation aux médias, et à surveiller et retirer le discours haineux de leurs plateformes. Ils s’engagent en outre à exiger des entreprises de médias sociaux et des autorités réglementaires qu’elles éliminent la haine en ligne sur les plateformes de tiers partis.
4.
Soutenir un écosystème de l’information dynamique et la diversité des sources
Des médias d’information diversifiés — autant publics, communautaires que privés — sont essentiels au dynamisme des écosystèmes de l’information et à la santé de toute démocratie. Par conséquent, les signataires s’engagent à collaborer avec d’autres organisations médiatiques de leur pays afin de protéger le journalisme local, notamment en échangeant sur leurs meilleures pratiques concernant la sécurité des journalistes et en s’exprimant d’une même voix sur leurs défis communs.
5.
Promouvoir la diversité, l’équité et l’inclusion dans nos organisations comme dans les sociétés que nous servons
Pour réaliser les idéaux de pluralisme, de tolérance et d’esprit d’ouverture qui sous-tendent les sociétés démocratiques, les signataires s’engagent à mieux représenter la diversité des populations qu’ils servent sur le plan de la composition et des perspectives, autant dans leur programmation que dans leur effectif — tout en menant des efforts pour rendre leurs milieux de travail inclusifs pour tous.