Les crimes haineux déclarés par la police au Canada en 2020
Le Canada est un pays multiculturel, d’une grande diversité ethnoculturelle. Il est important de comprendre les expériences de cette population diversifiée, y compris la nature et l’ampleur des crimes motivés par la haine. La pandémie de COVID-19 a exacerbé certains des obstacles sociaux auxquels sont confrontés différents groupes de personnes, tels que les interactions négatives avec la police et les institutions sociales, la perte d’emploi, la santé physique et mentale, ainsi que le sentiment de sécurité et d’inclusion au sein de la collectivité. Les résultats des enquêtes sur la victimisation autodéclarée, des initiatives de collecte de données par approche participative et des enquêtes visant l’ensemble de la population canadienne révèlent que les personnes racisées et les Autochtones ont subi des niveaux disproportionnés de discrimination avant et pendant la pandémie. Au cours de la première année de la pandémie de COVID-19, les crimes haineux déclarés par la police ont augmenté de 37 % pour passer de 1 951 à 2 669 affaires, en hausse dans la majorité des provinces et dans deux territoires.
Les données sur les crimes haineux déclarés par la police ne représentent qu’une dimension de l’analyse complexe des crimes motivés par la haine en général. Ces données comprennent seulement les affaires qui sont portées à l’attention des services de police et qui sont déterminées comme étant motivées par la haine à la suite d’une enquête policière. Par conséquent, les variations du nombre de crimes haineux déclarés par la police peuvent représenter une variation du nombre réel de crimes commis, ou découler de changements dans la reconnaissance et la déclaration des crimes haineux. D’autres sources de données, telles que les données autodéclarées sur la victimisation, les perceptions de la sécurité et la confiance envers la police, sont également des indicateurs importants qui permettent de replacer dans leur contexte les crimes motivés par la haine.
À l’échelle nationale, les crimes haineux ciblant la race ou l’origine ethnique déclarés par la police ont presque doublé, en particulier ceux commis contre les Noirs, les Asiatiques de l’Est ou du Sud-Est, les Autochtones et les Asiatiques du Sud. Pour chacun de ces groupes, le nombre de crimes haineux était le plus élevé depuis que des données comparables sont disponibles. À l’inverse, la police a déclaré une diminution des crimes haineux ciblant la religion. Cela s’explique en grande partie par la diminution des crimes motivés par la haine de la population musulmane, alors que les crimes ciblant la population juive ont légèrement augmenté. Dans l’ensemble, les crimes ciblant les populations noire et juive étaient les types de crimes haineux déclarés par la police les plus répandus au Canada, une tendance qui se maintient par rapport aux années précédentes.
Les crimes haineux violents et sans violence ont affiché une hausse de 2019 à 2020. L’augmentation du nombre de crimes haineux sans violence est principalement attribuable à la hausse du nombre de méfaits. La hausse du nombre de crimes haineux violents est quant à elle attribuable aux augmentations de tous les types de crimes haineux violents visés. Dans l’ensemble, en 2020, moins de la moitié (43 %) des crimes haineux étaient de nature violente, une proportion semblable à celles observées au cours des années précédentes. Bien que la majorité des crimes haineux soient des crimes sans violence, l’analyse des caractéristiques des crimes haineux signalés à la police de 2011 à 2020 laisse supposer que les crimes motivés par la haine ciblant une orientation sexuelle ainsi que les Asiatiques du Sud, les Arabes ou les Asiatiques de l’Ouest, et les Asiatiques de l’Est ou du Sud-Est sont plus susceptibles d’être des crimes violents que des crimes sans violence.
La présente analyse pluriannuelle fournit d’autres renseignements sur la façon dont les crimes haineux peuvent différer d’un groupe à l’autre. Par exemple, les victimes de crimes haineux violents ciblant une orientation sexuelle et la population autochtone ont tendance à être les plus jeunes et affichent le taux de blessures le plus élevé parmi les victimes de crimes haineux. En outre, les crimes haineux ciblant les Asiatiques de l’Est et du Sud-Est, les Asiatiques du Sud et les musulmans ont plus souvent été commis par un étranger que les autres types de crimes haineux. En revanche, le taux de victimisation par une personne connue de la victime était le plus élevé parmi les victimes de crimes haineux ciblant une orientation sexuelle ainsi que les populations autochtone, juive et noire.
Infographie des crimes haineux déclarés par la police au Canada en 2020